Articles sur la démolition annoncée du CCJMR

(Crédit Photo: L’appel et Le Devoir)

Quelques articles ont été publiés ces derniers jours à propos de la démolition annoncée du Centre Communautaire Jean-Marie-Roy.

Les auteurs de ces articles ont un ton accusateur :
« La ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, de par son nouveau conseil, serait destructrice du patrimoine et de l’œuvre architecturale de Jean-Marie-Roy. »

D’abord, je respecte le travail important accompli par M. Jean-Marie Roy.  Il était un architecte reconnu par ses pairs, « ses productions sont qualifiées d’avant-gardistes et il a reçu à peu près tous les honneurs dans son domaine.

Le catalogue de M. Roy compte des dizaines et des dizaines d’édifices.  Il a construit pour des écoles, des centres de recherche, des centres médicaux, des immeubles à bureaux, des concessionnaires automobiles, des caisses populaires, des hauts lieux de la finance, des couvents, des presbytères et des églises, toute une gamme de bâtiments religieux.

Les travaux de M. Roy sur les campus intercommunautaires de Saint-Augustin auraient permis à asseoir sa renommée au milieu des années 1960.  À l’époque, il a donné une cohérence à un ensemble de 20 bâtiments en les intégrant dans le paysage, en imposant des toits plats, l’utilisation du béton blanc et les bâtiments sur pilotis. »  (Source: Le Devoir)

Ces dernières années, le secteur des campus intercommunautaires a subi des transformations majeures.  En particulier sur les rues Lionel-Groulx et Saint-Félix.  Plusieurs bâtiments faisant partie de cet ensemble ont été démolis et des promoteurs privés ont construit des tours d’habitation.

À l’ère Corriveau, les levées de bouclier ont été plutôt timides.  Aujourd’hui, lorsque l’on s’apprête à démolir un bâtiment qui a été négligé par les ex-propriétaires et ensuite par l’ancien conseil, voilà que des voix s’élèvent jusqu’à me comparer à un terroriste détruisant le patrimoine de l’Unesco.  Ceci est très malhonnête.

Il faut rappeler que l’œuvre de Jean-Marie Roy et le patrimoine de SAD sont déjà en partie préservés par l’institution privée qu’est le CNDF qui est maintenant protégé, d’autant plus que la vocation initiale des bâtiments, l’enseignement, ne se trouve pas altérée.

En 2009, la Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures a acquis le bâtiment du centre communautaire Jean-Marie-Roy (CCJMR):

  • Sans rapport d’inspection sur son état réel;
  • Sans étude de coûts de transformation de vocation;
  • Sans aucune analyse des besoins;
  • Sans connaître les coûts d’opération;
  • Sans plan d’urbanisme.

En 2009, le coût d’acquisition du bâtiment et du terrain était de 3,4 M$.  Des travaux de mise à niveau et de conversion intérieure du bâtiment ont été ensuite réalisés (sous-sol et au rez-de-chaussée) entre 2009 et 2015 et ont déjà nécessité des déboursés de 15 M$.

Maintenant, pour compléter les travaux amorcés, selon les plus récentes expertises d’architectes externes, il en coûterait plus de 25 M$, car voici l’état actuel du bâtiment :

  • Des corrections immédiates de 1,2M$ sont requises pour répondre à une vingtaine de non-conformités relevée par la régie du bâtiment du Québec;
  • La salle de spectacle rénovée à grands frais est fermée due à la possibilité d’exposition à des particules d’amiante non-sécurisées;
  • Le toit n’est pas étanche et doit être refait complètement dû au double toit qui ne rencontre pas les normes;
  • L’isolation est inadéquate et l’usage de nouveaux matériaux éco énergétiques seront requis;
  • Tous les panneaux de fibro-ciments blancs des murs extérieurs sont à changer et leur concept de support en porte à faux datant de la construction est à repenser.  Les barres plates en acier qui retiennent ces panneaux sont corrodées et les panneaux risquent de tomber;
  • Les fenêtres sont toutes à changer;
  • La structure est à mettre aux normes sismiques d’aujourd’hui;
  • L’amiante et d’autres matières dangereuses (ex. plomb dans la peinture) doivent être enlevées et détruites;
  • Les locaux inutilisés de deux étages complets sont à mettre à terre, à reconfigurer, à réaménager, selon des besoins inconnus ou inexistants et tout l’électricité, le chauffage, la plomberie, la ventilation, les gicleurs, etc. de ceux-ci est à faire.

Que reste-t-il de patrimoniale une fois tous ces travaux effectués?

Selon une firme comptable reconnue, le maintien des opérations (frais de fonctionnement) du CCJMR impliquerait des déboursés de plus de 60 M$ sur 20 ans.

La Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures, et ses citoyens, n’ont pas cette capacité financière.

Saint-Augustin-de-Desmaures est au prise avec une dette de 104 M$.  Son taux d’endettement est de 305%.  En 2018, c’est près du tiers du budget de proximité qui est affecté au service de la dette (en paiements sur les emprunts – capital et intérêts).  Les taux de taxation de Saint-Augustin-de-Desmaures sont les plus élevés de la région de Québec. Dû à un mécanisme de calcul de la quote-part d’agglomération inéquitable, notre développement est contraint.

Depuis le 5 novembre dernier, une nouvelle gouvernance est en place à Saint-Augustin-de-Desmaures.  Le dossier du CCJMR a été mainte fois débattu.

L’inconscience politique des 10 dernières années fait maintenant place à une prise en main collective. Les Augustinois ont clairement exprimé leurs attentes envers leurs élus. La Ville doit répondre à ses obligations en prenant des décisions réfléchies, centrées sur les besoins des citoyens et tournées vers l’avenir.  Les récentes décisions de démolir le CCJMR et de maintenir des infrastructures dans le secteur est de la ville vont en ce sens.

Yannick LeBrasseur
Conseiller municipal du district 3 de Saint-Augustin-de-Desmaures

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